Judicael

Ouagadougou: crocodiles et jardiniers chassent sur le même terrain

Pas de problèmes entre les crocodiles du parc urbain bangr-weogo et les jardiniers des alentours. Les premiers sortent souvent pour se réchauffer et les pépiniéristes font leur travail sans les inquiéter. Seuls quelques curieux s’arrêtent pour les observer. 

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Comme ce crocodile, ils sont au moins 300 à vivre au sein du parc urbain Bangr-wéogo de Ouagadougou

C’est la coexistence pacifique entre jardiniers et crocodiles du parc urbain Bangr-weogo. Cela peut sembler un peu surprenant, mais les uns font leurs affaires sans s’occuper des autres. Les alligators sortent le plus souvent pour se réchauffer, mais ne posent aucun problème aux jardiniers des abords du parc. Alors que je pensais loin de là, je m’entretiens avec deux jardiniers. Elie Nikiéma y depuis 10 ans. Pour lui, « les crocodiles ne posent aucun problèmes aux jardiniers. Ils sortent le plus souvent sous le pont de l’autre côté », me confie-t-il.

Arrivé sur les lieux, j’ai effectivement trouvé des passants observant deux crocodiles sous le pont. Pour le jardinier d’à côté, ces crocodiles sont inoffensifs. « Les crocodiles n’agressent personne. En tous cas ils m’ont jamais attaqué et je n’ai jamais entendu qu’ils ont agressé quelqu’un ». Il en veut pour preuve cette anecdote.

« Un jour un crocodile est venu se poser à côté de ma motopompe pour bénéficier de la chaleur qui se dégage du tuyau d’échappement. Lorsque j’ai fini d’arroser mes plants, je suis allé éteindre ma motopompe sans que le crocodile ne bouge ». Pour les jardiniers des abords du parc urbain Bangr- weogo. Le problème, c’est surtout les passants qui, en voulant admirés ces créatures, obstruent du même coup la circulation. Pour nous convaincre sur le caractère inoffensif de ces créatures, le directeur du parc urbain Bangr –wéogo, me confie que ce sont des crocodiles sacrés. La seule fois qu’ils sont quitté leur biotope, c’était lors des inondations du 1er septembre 2009.  On peut les apercevoir, mais ils restent toujours dans l’espace du parc. Ils sont au nombre de 300  et vivent dans le bois sacré depuis très longtemps. En fait, ils sont chez eux. Les jardiniers sont venus les trouver là-bas. Ils ne n’agressent personne, que personne le les dérange non plus. C’est ainsi, que « croco » et jardiniers travaillent sur le même site sans se poser d’obstacles.


22e sommet de l’UA : Blaise Compaoré n’y sera pas

Alors que le sommet de l’Union africaine ouvre ses portes à Addis-Abeba, Blaise Compaoré reçoit en audience la représentante spéciale du secrétaire des Nations unies pour la réduction des catastrophes Margareta Wahlström dans son palais de Kossyam. Certainement pas parce qu’il accorde plus d’importance à la réduction des risques de catastrophes, mais peut-être pour ne pas prendre de risques dans l’état actuel.

 

Blaise Compaoré fait-il preuve d’un soudain regain d’intérêt pour son pays ou pour son maintien au pouvoir ? Habitué des grands sommets africains et médiateur dans plusieurs crises africaines, Blaise Compaoré n’ira pas cette fois-ci à Addis-Abeba à l’occasion du 22e sommet de l’Union africaine. A la radio-télévision publique du Burkina,  aucun communiqué sur le voyage présidentiel.

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photo autre presse.
Blaise est resté au palais Kossyam

Depuis plusieurs années les Burkinabè avaient l’impression que le président du Faso (PF) s’éloignait de plus en plus des réalités du pays. « Blaise Compaoré a-t-il oublié le pays ? », s’interrogeait un des mes confrères. En dépit de toutes les marches contre la vie chère et toutes les autres préoccupations des citoyens burkinabè, le « Blaiso » ne parlait jamais. Il préférait poursuivre ses médiations en Côte d’Ivoire, au Mali ou faire libérer des otages. Ce sont des actions louables, mais il ne fallait pas donner l’impression que l’international prime sur le national.

Si donc, pour l’une des rares fois, Blaise Compaoré ne se rend pas à Addis-Abeba, c’est qu’il a ses raisons. Des raisons sans doute liées à sa volonté de ne pas mettre en péril son fauteuil, mais aussi  de freiner les velléités de dissidence au sein de son parti. Un certain nombre de présidents africains ont été évincés du pouvoir, interdits d’atterrissage, au retour de sommets surtout africains. Et « Le Blaiso » le sait, surtout que lors de beaucoup d’ évènements malheureux qu’a connus le Burkina : assassinat de Norbert Zongo, inondations du 1er septembre 2009, etc. il se trouvait hors du pays.

Cette fois, l’enfant terrible de Ziniaré va rester dans son palais et essayer de colmater les brèches laissées par les démissionnaires, ses anciens proches collaborateurs : Salif Diallo, Simon Compaoré, Roch Marc Christian Kaboré. Ces derniers ont déjà leur parti : le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP). Donc le Blaiso va contre-attaquer et essayer d’arrêter l’hémorragie qui, selon certaines indiscrétions, sévirait même au sein de son gouvernement. Il semble que la classe politique, sauf les opposants moutons, sont contre la modification de l’article 37 de la Constitution même si certains ne le disent pas haut pour le moment. A l’Assemblée nationale aussi, ils seraient une trentaine de députés partisans des démissionnaires. Dans la situation actuelle, « on ne sait pas qui est qui » ni qui est avec qui. C’est une confusion totale qui règne au sein du parti de la majorité. Alors « le Blaiso » prend ses précautions, comme à son habitude.


Division au sein des Ivoiriens au Burkina Faso : l’ambassadeur mis en accusation

Le torchon brûle entre les ressortissants ivoiriens au Burkina Faso. Une affaire d’argent serait à l’origine de cette discorde des enfants de la lagune ébrié  installés au Pays des hommes intègres.

François Touré
photo faso.net
Français Touré accuse l’ambassadeur ivoirien au Burkina Faso d’être à l’origine des divisions au sein de l’Union

« Pour eux ne dort pas dehors », comme on le dit chez le voisin. Les membres de l’Union des ressortissants de la république de Côte d’Ivoire au Burkina Faso (U RE CI B). Les membres déclarent avoir subis des attaques depuis que le président Alassane Ouattara leur avait remis une somme de 10 millions de F CFA. Une partie des membres, sous prétexte d’une mauvaise gestion de cette somme, a voulu entrer en dissidence et prendre la gestion de l’union. A l’issue des tractations judiciaires, le camp de François Touré est maintenu à la tête de l’association au détriment de Mamadou Koné. Le président de l’Union des ressortissants de la république de Côte d’Ivoire au Burkina Faso, met en accusation l’ambassadeur de la Côte d’Ivoire au Burkina Faso qui, selon lui, serait à l’origine de toutes les divisions au sein de la communauté ivoirienne au Burkina Faso. Il l’accuse, je cite :

 « Il est à la base de poursuites judiciaires contre nous parce qu’il paye des honoraires d’avocats. Il fait du népotisme  au niveau de sa gestion à l’ambassade. Son fils y travaille, le petit frère de sa femme, le grand frère de sa femme. Il a renvoyé six personnes pour prendre 13 personnes qui sont ses proches ».

Et comme on peut le constaté, sa « bouche ne porte caleçon » dira-t- on à Abidjan. Des accusations graves des ivoiriens contre leur ambassade en terre burkinabè. Ces ivoiriens vont plus loin en demandant la démission de l’ambassadeur ivoirien au Burkina Faso. Ils réclament également un audit sur la gestion financière et du personnel de l’ambassade de Côte d’Ivoire au Burkina Faso.

Alors que leur pays est sur le chemin de la réconciliation, que toutes les parties font des efforts pour la consolidation de la paix, les ivoiriens installés au Burkina Faso gagneraient mieux à s’entendre. Que des intérêts égoïstes ou des jeux d’appartenance  sème pas la désolation dans la communauté ivoirienne.


L’affaire Boukary au Burkina : Salif Diallo convoqué par la justice

Volonté de rendre justice ou machination politique ? L’affaire Dabo Boukary alimente de nouveau les conversations au Burkina avec la récente convocation de Salif  Diallo par le juge. Une convocation qui a été relatée par notre confrère de Mutations dans son numéro 44. Les étudiants restent partagés quant à l’issue de cette procédure. Alors que pour certains, c’est un espoir pour faire la lumière sur cette affaire pour d’autres, c’est pour tromper la vigilance du peuple. Salif Diallo de son côté clame son innocence.

 

Salif

S’il y a une affaire qui défraie la chronique depuis des années à l’université de Ouagadougou, c’est bien l’affaire Dabo Boukary. Etudiant en 7e année de médecine et membre de l’Association nationale des étudiants du Burkina (ANEB), Dabo Boukary est enlevé et assassiné en 1990 lors d’un mouvement de grève. La récente convocation de Salif Diallo, ancien ministre d’Etat et homme fort du parti devant le juge est une lueur d’espoir pour certains étudiants de voir la lumière dans cette affaire. Mais Salif Diallo qui vient de quitter le CDP (Congrès pour la démocratie et le progrès) rejette toute implication dans cette affaire :

« Je vous dis très sincèrement que je n’ai rien à voir dans l’affaire Dabo Boukary. (…) Je n’ai ordonné l’arrestation d’aucun étudiant ».

A l’université de Ouagadougou, en tous cas, certains étudiants croient que cette convocation peut être le début d’une lueur sur cette affaire. En témoignent les propos de cet étudiant :

 « Si Salif Diallo n’est pas coupable, c’est que d’autres sont coupables. Maintenant qu’il a quitté le CDP, je pense que la lumière sera faite au fur et à mesure que nous avançons. Actuellement, on voit que le parti au pouvoir est en train de se déchirer, donc c’est maintenant que la vérité va sortir sur cette affaire ».

Vu la situation politique, l’on est en droit de se poser la question de savoir si cette convocation n’est qu’une volonté des ex-camarades de Salif Diallo de salir son image au moment où il quitte le parti au pouvoir pour former un parti d’opposition. Un journal proche du pouvoir a fait aussi allusion à une affaire d’escroquerie au Niger dans laquelle l’ancien ministre serait impliqué. Il est évident que toutes ces tractations et machinations n’ont pas pour seul but de dénouer cette affaire. Depuis 24 ans les étudiants réclament justice pour Dabo Boukary sans obtenir gain de cause, et c’est au moment où Salif Diallo quitte le CDP qu’on en parle.

Dans tous les cas, c’est une occasion de faire la lumière sur cette affaire, mais aussi sur d’autres affaires comme celle de Norbert Zongo. Ayant passé tant d’années dans le gouvernement Salif doit être au courant de plusieurs affaires. Celui qui était l’artisan du pouvoir de Blaise Compaoré va peut-être faire face à la justice, une occasion de démontrer son innocence dans l’affaire Dabo Boukary, mais aussi de déballer certaines affaires. Cela rend intéressante la suite de l’affaire, mais pourrait l’étouffer aussi.


Burkina : les dinosaures quittent le navire CDP

Les ténors du parti au pouvoir ont choisi la première semaine de janvier pour présenter leur démission. Depuis un certain temps, ces anciens camarades de Blaise Compaoré étaient relégués au second plan au sein du parti qu’ils ont créé et nourri. Ils ont donc fini par quitter le parti en invoquant un manque de démocratie.

Roch Marc Christian Kaboré est l'un des dissidents du CDP
Roch Marc Christian Kaboré est l’un des dissidents du CDP

Salif Diallo, Roch Marc Christian Kaboré,  Simon Compaoré, Clément Sawadogo pour ne citer ceux-là ont démissionné du parti au pouvoir, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP). Ceux-ci ont occupé des postes de haute responsabilité aussi bien au sein du parti de Blaise Compaoré que dans son gouvernement. Roch Marc Christian Kaboré a été premier ministre, président de l’Assemblée nationale, président du bureau national du parti. Simon Compaoré ex-membre du bureau national du CDP et ancien maire de la commune de Ouagadougou pendant 17 ans. Et que dire de Salif Diallo ancien ministre de l’Agriculture, ancien homme de Blaise Compaoré et artisan du parti au pouvoir. Ces ténors ont démissionné du parti avec près de 80 autres membres. L’hémorragie va certainement continuer, dans les jours à venir, quand on sait la capacité de mobilisation de ces démissionnaires, et leur rôle dans la création et l’enracinement du parti au sein du peuple burkinabè.

Cette vague de démissions ne surprend pas les observateurs avisés de la scène politique burkinabè. En effet, depuis plusieurs années, le parti au pouvoir fait une épuration. Les cadres du parti sont mis au garage au profit de militants de la dernière heure. Des militants partisans de François Compaoré, le frère du président. Il était donc évident que  ces ténors ne pouvaient pas se contenter des seconds rôles que leur ont réservés les arrivistes de Fédération associative pour la paix et le progrès avec Blaise Compaoré (FEDABC).

Ce qui se tramait depuis au moins deux ans a fini par se manifester. Les leaders du parti au pouvoir démissionnent, évoquant un manque de démocratie et une déviation idéologique. Ils envisagent ainsi préserver les acquis démocratiques et économiques du pays. Mais que peut apporter ce mouvement dans le paysage politique burkinabè ?

Ces ex-ténors du parti au pouvoir peuvent-ils réellement apporter quelque chose de bien pour le pays ? Roch Marc Christian Kaboré,  qui a défendu la modification de l’article 37 de la Constitution se contente d’un mea culpa en disant que c’était une erreur. Aujourd’hui ces mêmes personnes s’opposent à la modification de l’article 37 et à la mise en place du Sénat. Est-ce un sursaut de patriotisme ou un simple positionnement pour 2015 ?

Ces dissidents ont rencontré le président du Faso avant leur démission officielle. De ce qu’ils se sont dit, rien n’a filtré. Blaise aurait-il donné le feu vertà ces anciens camarades pour créer un autre parti ? Ou ont-ils reçu l’assurance du « Blaiso » de ne pas se représenter en 2015 ? Selon Roch Marc Christian Kaboré, cela ne peut être dit aux médias.

Du côté de l’opposition, on applaudit sans chercher à sonder les réelles intentions de ce futur parti. Ces ex-leaders, qui ont mis en place le système CDP, que peuvent-ils proposer d’autre ?

Sans applaudir ces dissidents, comme le font les partis d’opposition regroupés autour du chef de file de l’opposition, je suis certain que si ces gens s’y mettent sérieusement, ils peuvent modifier la hiérarchie des partis politiques au Burkina Faso. Ils envisagent même participer à la marche de protestation contre la modification de l’article 37 et la mise en place du Sénat qu’organise le CFOP (Chef de file de l’opposition politique).