Judicael

Présidentielle de 2015 : Ablassé Ouédraogo déjà hors jeu

Ablassé Ouédraogo est l’un des candidats à la présidentielle d’octobre 2015 au Burkina. Mais sa dernière sortie médiatique a été plutôt une contre performance, pour celui qui veut diriger tous les Burkinabè. En prenant pour atout son appartenance religieuse et ethnique, il s’est attiré la foudre d’une partie de l’électorat burkinabè.

Il nous avait habitués à des envolées lyriques. Mais, cette fois-ci, l’ancien ministre des Affaires étrangères s’est « tiré une balle dans la tête ». Du point de vue politique bien sûr. Investi candidat de son parti, Le Faso autrement, Ablassé Ouédraogo a préféré mettre en avant son ethnie et sa religion pour accéder au palais de Kosyam. Selon lui, il a trois aouts principaux. « Je suis Moagha du plateau central, et les Mossis sont une forte composante du Burkina Faso. Je suis aussi musulman, ce qui n’est pas rien dans un pays où 70% des gens le sont également. Enfin, comme je vous l’ai dit, j’ai un vaste réseau de relations utiles dans le cadre de la diplomatie de développement que nous souhaitons mettre en place ».

Cette déclaration n’a pas plus à tous. On lui en veut pas d’être de l’ethnie moagha, ni d’être musulman. Mais pour quelqu’un qui aspire à diriger le Burkina Faso, qui compte plusieurs religions et une soixantaine d’ethnies, c’est plutôt mal pensé. En plus, le Burkina Faso est un Etat laïque. On ne peut donc pas se fonder sur de telles conceptions pour conquérir le pouvoir. Il n’est d’ailleurs pas le seul de l’ethnie moagha à se présenter à cette élection et ne sera pas non plus le seul musulman candidat à la présidentielle. De telles allégations sont de véritables poisons pour un pays comme le Burkina Faso. C’est pourquoi ces propos ont été condamnés par des citoyens de différentes religions et ethnies. Cela a contraint le « fils du paysan » à recadrer son intervention.

Ablassé Ouédraogo compte sur son appartenance ethnique et religieuse pour arriver au pouvoir
Ablassé Ouédraogo compte sur son appartenance ethnique et religieuse pour arriver au pouvoir

Mais comment Ablassé Ouédraogo, diplomate de son Etat, a pu tenir de  tels propos ? On ne peut pas dire que cela n’a pas été réfléchi avant d’être dit. Ce n’est pas fortuit. Non. Quelque part, je crois qu’il est convaincu de ce qu’il a affirmé. Il croit que pour être président du « Pays des hommes intègres », il faut être Moagha et musulman.

Si cela était avéré, il pouvait s’estimer heureux. Du moins, il aurait plus de chance de parvenir à Kosyam. Les principaux favoris de cette élection seraient d’office écartés. Roch Marc Christian Kaboré, du Mouvement pour le peuple (MPP), est Moagha mais il est chrétien. Zéphirin Diabré de l’Union pour le changement, est aussi annoncé comme favori à cette élection. Mais selon Ablassé, il ne passera pas puisqu’il n’est ni Moagha ni musulman. Bénéwendé Stanislas Sankara, porté par le front sankariste serait aussi écarté parce qu’il n’est pas musulman. Si l’on écartait tout ce monde, Ablassé serait favori. Mais hélas ! Le peuple burkinabè ne se laissera pas diviser par des propos d’hommes politiques qui se soucient plus du pouvoir que de la cohésion sociale, qui est gage de tout développement. Le pays est dans une situation critique et nous n’avons pas besoins d’autres crises fondées sur la religion et l’ethnie.

Il est temps que tous les candidats présentent comment peuvent faire pour sortir le pays de la pauvreté, au lieu de jouer sur la fibre religieuse et ethnique, source de conflit. En s’aventurant sur ce terrain, Ablassé s’est fait plus de mal que de bien. Il est un économiste et homme politique. Il a occupé successivement les postes de ministre des Affaires étrangères et de conseiller du président de la République, Blaise Compaoré, avant d’assurer les hautes fonctions de Directeur Général Adjoint de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC). Si, avec cela, il ne peut pas proposer un programme de développement pour le pays et préfère compter sur son appartenance ethnique et religieuse, alors ce n’est pas la peine d’être candidat à la présidentielle !

 


Burkina : le CSC va lever la suspension des émissions d’expression directe

Le Conseil supérieur de la communication (CSC) avait suspendu les émissions d’expression directe des antennes et des télévisions du Burkina. L’instance supérieure de la communication, au Burkina Faso, avait prétexté la recherche de la paix et de la cohésion sociale.

C’est une des décisions les plus impopulaires que le Conseil supérieur de la communication a prise depuis l’arrivée de sa nouvelle patronne, Nathalie Somé. L’instance de régulation a décidé de suspendre toutes « les émissions d’expression directe sur les radiodiffusions sonores et télévisuelles à l’exception des programmes portant sur la santé et ceux à caractère ludique, sentimental et culturel ». Et ce pour une durée de trois mois à compter du 7 mai 2015.

Cette décision a été motivée par « le souci d’assurer un climat apaisé et propice à la cohésion sociale en cette période sensible de la vie de notre pays ». Selon le CSC, en dépit de ses actions de sensibilisation auprès des animateurs, de nombreux dérapages ont été constatés à l’écoute de certaines émissions. Mais la mesure n’a pas été du goût des professionnels des médias et auditeurs. Plusieurs voix ont fait entendre leur désapprobation. L’Association des journalistes du Burkina par exemple, a qualifié cette suspension de liberticide.

CSC2
Le Conseil supérieur de la communication va revenir sur la suspension desémissions directes.

Après plusieurs concertations avec les promoteurs et acteurs des médias. le Conseil supérieur de la communication affirme que cette suspension sera levée. Le CSC a élaboré un projet de décision portant réglementation des émissions d’expression directe et un projet de charte de bonne conduite desdites émissions qui prennent en compte les propositions faites à l’issue de concertations.

Ces projets seront amendés et signés par les promoteurs et acteurs de médias. Tout cela doit être fait avant le 28 mai. Et le 30 mai, le CSC devrait procéder à la levée de la suspension.

S’il y a des radios qui ont péché dans la réalisation d’émissions d’expression directes, elles doivent être sanctionnées. Mais on ne peut sanctionner toutes les radios parce que certaines n’ont pas respecté les règles en la matière. Il est vrai que dans la réalité, beaucoup d’animateurs ignorent volontairement ou non les règles. Mais on ne peut sanctionner tous les médias pour les erreurs de quelques-uns.

Le projet de la charte de bonne conduite, que les promoteurs doivent amender, devrait créer un cadre réglementaire pour l’animation de ces émissions.


Smockey: « Après ta révolte, ton vote »

C’est le message de l’artiste musicien Smockey à la jeunesse burkinabè. « Après ta révolte, ton vote », est une campagne à travers laquelle le rappeur veut inciter les jeunes burkinabè à participer aux futures élections après avoir largement participé au soulèvement populaire d’octobre 2014.

Le rappeur Smockey veut encourager les jeunes à participer au choix des futurs dirigeants du pays. Pour cela, il les encourage à travers sa campagne dénommée « après ta révolte, ton vote », à s’inscrire massivement sur les listes électorales. On le sait, ce sont surtout les jeunes qui ont contribué à la chute du pouvoir de Blaise Compaoré.

Pour que cette lutte ne soit pas vaine, Smockey les invite non seulement à s’inscrire sur les électorales mais surtout à prendre part au choix du président et des députés le 11 octobre prochain. Les jeunes sont les plus nombreux de la population burkinabè, mais ils sont le plus souvent oubliés après les votes. Leurs préoccupations aussi.

Photo/lefaso.net L'artiste Smockey (micro) à l'annonce de sa champagne "après ta révolte, ton vote"
Photo/lefaso.net
L’artiste Smockey (micro) à l’annonce de sa champagne « après ta révolte, ton vote »

Ces élections, l’une des plus ouvertes depuis trente ans, sont donc une occasion pour les jeunes de faire compter leurs voix. A travers deux grands concerts « sans exclusions » à Bobo Dioulasso et à Ouagadougou, Serge Bambara (Smockey à l’état civil) a conscientisé les jeunes sur l’importance de leur vote. Il est soutenu dans cette initiative par d’autres artistes nationaux et étrangers.

Smockey est l’un des membres du balai citoyen. il a milité activement dans ce mouvement contre la modification de l’article 37 de la Constitution burkinabè. Ce qui donnait la possibilité à Blaise Compaoré de se représenter alors qu’il était au pouvoir depuis 27 ans.

Il a fait sortir son dernier album il y a quelques semaines. Un album largement influencé par la situation nationale. Son album de 31 titres, est baptisé « Pré’volution ». Connaissant son influence et celui du balai citoyen, cette campagne pourrait amener beaucoup de jeunes à, effectivement, s’inscrire pour participer aux votes de cette pré-insurrection populaire.


Burkina Faso : vaste interpellation des dignitaires du régime Compaoré

Après les mises en garde, le gouvernement de transition est passé à l’acte. Huit dignitaires du régime de l’ancien président Blaise Compaoré ont été interpellés par la police. Ils sont accusés entre autres, d’atteintes à la sûreté de l’Etat, activités politiques illégales, troubles à l’ordre public et incitations de troubles à l’ordre public, de malversations, de mauvaise gestion de projets.

Eux ce sont des proches de Blaise Compaorél, l’ancien président contraint de quitter le pouvoir en octobre 2014 alors qu’il tentait de modifier la Constitution pour se maintenir au pouvoir. Aujourd’hui les membres de son gouvernement et certains cadres de son parti, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) ont été interpellés par la police. Parmi eux, il y a trois anciens ministres.

Salif Kaboré ex- ministre des Mines- et proche de François le frère du l’ancien présiden t-. est soupçonné de malversations et mauvaise gestion présumées à la Sonabel et dans certaines structures du ministère des Mines et de l’Energie. Il lui est reproché aussi l’octroi illicite de permis d’exploitation des mines, exploitation illicite de sites miniers et mauvaise gestion de projets.

Quant à l’ex-ministre de l’Administration territoriale et de la Sécurité, Jérôme Bougma, il a été interpellé pour malversations présumées dans les attributions de marchés publics, réquisition de l’hôtel Azalaï qui a été saccagé au cours de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014.

La troisième personnalité est Ouedraogo Jean Bertin conseiller politique du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP). Il a été arrêté pour surfacturations présumées et malversations présumées dans l’exécution des marchés de travaux publics. Deux ex- maires sont tombés aussi sous le coup de ces arrestations. L’ancien maire de Bobo, Salia Sanou, connu pour ses déclarations tonitruantes et sa fidélité sans faille à Blaise Compaoré ainsi que Adama Zongo, ex-maire de Tanghin Dassouri;.

Cette interpellation de 8 personnes intervient dans le contexte du vote du nouveau code électoral par le Conseil national de la transition (CNT). Un code que les partisans de Blaise Compaoré ne voulaient pas parce qu’ils écartaient pour les élections à venir, tous ceux qui ont soutenu ouvertement la modification de l’article 37 de la loi fondamentale qui a conduit le pays dans une situation difficile.

Selon les autorités policières, les investigations vont se poursuivre dans les jours à venir.


Grèves au Burkina : délestages et pénurie de bière en perspective

Le Burkina Faso est confronté à une série de grèves depuis plusieurs semaines. Différents secteurs sont concernés par ces multiples mouvements qui ont déjà occasionné une flambée du prix de la bière et des délestages à Ouagadougou.

Des travailleurs de différents secteurs d’activité ont entrepris des grèves pour améliorer leurs conditions de vie et de travail. C’est le cas des travailleurs de la Société de distribution de boissons (Sodibo) la Brasserie du Burkina (Brakina) et de l’Union des transporteurs et des routiers du Burkina.

L’heure de la grève semble avoir sonné au Burkina Faso. Après la grève pour la baisse du prix du carburant à la pompe, c’est autour de chaque secteur d’activité de battre le pavé. Ces derniers jours sont marqués par la grève des travailleurs de la Société de distribution de boissons (Sodibo), de la Brasserie du Burkina (Brakina et celle de l’Union des chauffeurs et routiers du Burkina Faso. Les chauffeurs et routiers observent une grève depuis le 30 mars 2015, et ce pour 48 heures. Ces derniers exigent le respect de la convention collective signée en 2010 et qui devait entrer en vigueur depuis le 1er janvier 2011.  Selon l’Union des chauffeurs et des routiers du Burkina, cette convention collective n’est pas encore appliquée. L’autre point de leur plateforme revendicative porte sur les salaires. Ils exigent un salaire d’au moins 75 000F CFA par mois, mais aussi la déclaration de tous les chauffeurs routiers à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS). Ce sont, entre autres, les raisons avancées pour bloquer le secteur des transports pendant 48 heures. Difficile pour les voyageurs de quitter ou de rentrer à Ouagadougou pendant cette période. Cette grève semble porter déjà des fruits puisque le gouvernement a annoncé que certains de ces points trouveront solutions.

Photo/Lefaso.net De nombreux passegers se sont vus refuser la sortie ou l'accès à la capitale, Ouagadougou
Photo/Lefaso.net
De nombreux passagers se sont vus refuser la sortie ou l’accès à la capitale, Ouagadougou

Ces multiples grèves ont de nombreuses conséquences sur la vie des Burkinabè.  Au-delà du report des voyageurs, la grève des transporteurs a occasionné des délestages à Ouagadougou. Du côté de la Société nationale de l’électricité (Sonabel), on s’inquiète déjà des conséquences de cette grève déclenchée ce lundi 30 mars sur toute l’étendue du territoire « les citernes ravitaillant la Sonabel sont à l‘arrêt et les centrales électriques sont en panne sèche, avec un risque d’arrêt total d’ici quelques heures si une solution n’est pas trouvée » a indiqué le site d’information lefaso.net

Les grèves répétitives à la Société de distribution de boisson et de la Brasserie du Burkina ont débuté depuis le 24 mars 2015. C’est une grève illimitée et les conséquences aussi ne sont pas les moindres. Selon le directeur de la Sodibo/Brakina les pertes se chiffrent à plusieurs centaines de millions par jour. « L’usine perd environ 500 à 600 millions de chiffres d’affaires par jour. Et c’est environ 150 à 200 millions de F CFA de taxes qui ne sont pas versées à l’Etat, chaque jour », a souligné Marc Pozmentier. A cela s’ajoute la rareté de la bière dans les lieux de vente. Plusieurs bars et « maquis » connaissent une rupture de bière. D’où une flambée du prix. A certains endroits la bière qui était vendue à 600F CFA atteint aujourd’hui 750 F CFA.  Alors que le mouvement des travailleurs de ces brasseries ne semble pas faiblir, certains se tournent déjà vers les pays voisins pour approvisionner leurs caves.