Rencontres : Des Ouagalais cherchent des conjoint(e)s à la radio

Article : Rencontres : Des Ouagalais cherchent des conjoint(e)s à la radio
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22 mars 2016

Rencontres : Des Ouagalais cherchent des conjoint(e)s à la radio

Les émissions de rencontre ont fait leur entrée dans le paysage radiophonique burkinabè depuis quelques années. Et ces émissions sont toujours appréciées par les auditeurs. Ils demandent souvent de prolonger leur temps d’antenne sur les radios. Décriées ou appréciées, les émissions de rencontre inondent les ondes des radios de Ouagadougou.

S’il y a des émissions qui ont de l’audience, c’est bien les émissions de rencontre sur les chaines de radios. «  Je suis un jeune, âgé de 30 ans. Je mesure 1m 80, avec 75 kg. Je suis fonctionnaire, de religion …. J’aimerais rencontrer une fille de 23-26 ans, élève ou étudiante pour  une amitié sincère pouvant conduire au mariage ». Il est 9h et quart à Ouagadougou.

C’est par cette présentation succincte sur les ondes d’une radio de la capitale burkinabè que ce jeune fonctionnaire espère trouver sa conjointe. Comme lui, beaucoup de jeunes croient en la magie de la radio pour rencontrer leurs conjoints ou conjointes. Sur la même radio, le téléphone ne cesse de crépiter. C’est la preuve que ces émissions sont suivies et bénéficient d’une grande participation des auditeurs « prétendants ».

Cette fois-ci, c’est une jeune fille. « Je suis une fille de 24 ans. Ma taille, c’est 1m65 et j’ai 57 kg. Je suis au secteur …de Ouagadougou. Je désire correspondre avec un homme ayant une situation stable, avec au moins 1m80, commerçant ou militaire. Mais un homme qui n’est pas gros », annonce-t-elle. Lorsque l’animatrice lui demande ce qu’elle « fait dans la vie », elle répond : « je me débrouille ». Après chaque présentation, l’animatrice prend l’auditeur ou l’auditrice, « hors antenne », pour recevoir ses coordonnées afin de les transmettre à qui voudrait lier amitié avec celui-ci ou celle-ci.

« Les gens ne sont pas sérieux »

Dans le flux des appels téléphoniques et des annonces, un autre appel vient casser le rythme de l’émission. C’est une auditrice. Elle se plaint : « Les gens ne sont pas sérieux. Ils viennent prendre les numéros, et c’est pour jouer avec les gens. Moi, je veux quelqu’un de sérieux, qui a une situation stable pour me gérer ».

L’animatrice essaie alors de la rassurer. « Souvent les auditrices aussi ne disent pas la vérité dans les annonces. Si tu dis que tu es une femme claire. Le gars viens, il trouve que ce n’est pas le cas, il ne va plus revenir », explique l’animatrice.  « Pourtant j’avais tout donné », rétorque l’auditrice à l’autre bout du fil. Souvent la présentation faite à la radio ne correspond pas au physique des uns et des autres.

 

Pour certains auditeurs la radio est un moyen pour trouver un(e) conjoint(e)
Pour certains auditeurs la radio est un moyen pour trouver un(e) conjoint(e)

Notre auditrice n’aura pas à attendre pendant longtemps pour entendre encore quelqu’un qui s’intéresse à elle. Une dizaine de minutes après, un homme appelle. « Moi, c’est du sérieux que je veux. Je demande le numéro de la femme qui vient d’appeler. Si elle est sérieuse, on peut s’entendre. Je viens prendre son numéro », dit-il. Je me suis dit que cette fois, c’est la bonne pour notre auditrice. « Elle aura de la chance », dis-je. Mais l’homme donne une dernière condition : « j’ai déjà une femme. Si cela ne lui pose de pas de problème… ».

« C’est pour que chacun trouve un partenaire »

La question que je me pose, est la suivante : ces relations aboutissent-elles vraiment à des amitiés sincères et ou au mariage ? C’est une consœur qui a  la réponse. Elle anime une émission similaire sur les ondes d’une autre radio à Ouagadougou depuis plusieurs années. Elle est catégorique :

« Bien sûr. Il y a des relations qui aboutissent au mariage. La preuve, en 2014, il y a eu un mariage à l’hôtel de ville grâce à notre émission. Il y a aussi une auditrice qui a appelé en janvier 2016 pour nous remercier d’avoir rencontré quelqu’un avec qui elle s’est fiancée. Il y a plusieurs personnes qui nous appellent pour nous remercier. Il y en a aussi chez qui ça marche mais qui ne se manifestent pas toujours ».

Mais chez certains aussi dès la première rencontre l’un des deux est déçu de l’autre. Donc l’amitié ne va pas plus loin.

Dans tous les cas, c’est l’objectif poursuivi par les radios qui diffusent ces émissions. Et notre animatrice du jour de le préciser à ses auditeurs : « le but de l’émission c’est pour que chacun trouve un partenaire. On veut que chacun ait un foyer. C’est ça le but de cette émission».

Voilà un objectif qui est noble. Mais tous n’ont pas le même objectif. Il y aussi des plaisantins. Ceux-là veulent « s’amuser ». C’est pourquoi, d’ailleurs certaines filles précisent, « plaisantins s’abstenir ». J’ai remarqué que les auditrices surtout conditionnent toujours la relation avec leur partenaire par une « situation stable ». Cette condition revient toujours. Les hommes eux cherchent toujours des femmes moins âgées, des « célibataires sans enfants ».

Pourquoi le choix de ces canaux ?

On trouve plusieurs catégories de personne s’intéressent à ces émission. « L’âge varie entre 22 et 60 ans », me confie ma consœur de l’émission « Contact pluriel ». Pourquoi le choix de ce canal ? Je n’ai pas la réponse à cette question. Certains auditeurs, surtout les auditrices, se croient avancées en âge. Par conséquent, il faut frapper à toutes les portes pour trouver l’âme sœur avant de « vieillir ». La société est toujours cruelle avec les femmes avancée en âge et qui n’ont pas de maris. Pour elles, c’est la course contre la montre. Souvent, elles ont déjà un enfant. Cela complique bien l’affaire.

D’autres, je crois, ont été trompé (e)s et déçu (e)s par des relations antérieures. Cette catégorie de personne se tourne vers ce canal pensant trouver la conjointe ou le conjoint. Et si ce n’est pas le cas, il ou elle n’aura pas trop de mal à gérer. Le problème c’est ces personnes risquent de se faire mal encore.

 

La dernière catégorie. C’est celle des « plaisantins ». Ce sont des prédateurs des deux premières catégories d’auditeurs et auditrices des émissions de rencontre. Elle voit les autres comme des proies. Ils ne sont pas sérieux. Ils aiment profiter de l’occasion pour abuser des autres. Et c’est contre eux que l’animatrice vociférait : « De grâce ne transformez pas notre émission à autre chose ».

Il est 10h passées de plusieurs minutes. L’animatrice va arrêter l’émission du jour et donner un autre rendez-vous à ses auditeurs et auditrices. Mais ceux qui se sentent intéressés peuvent passer au siège de la radio pour  prendre connaissance des annonces et prendre les contacts après échanges avec l’animatrice. Les auditeurs reviendront encore faire leurs annonces, comme on le dit à Ouaga, « déposer leur dossier ». Avec les risques que cela comporte.

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