Ouagadougou : ville de la « moto stop »

Article : Ouagadougou : ville de la « moto stop »
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23 avril 2014

Ouagadougou : ville de la « moto stop »

Dans la capitale des engins à deux roues, la « moto stop » prime sur l’auto stop. Alors qu’ailleurs on préfère le second terme, à Ouagadougou le premier, peut-être moins académique, est plus pratiqué, avec des risques tout de même.

18 h 30, je reviens déjà de la radio.  Sur le Boulevard de l’Indépendance, non loin de l’Assemblée nationale,  un jeune homme m’interpelle : « S’il vous plaît, est-ce vous pouvez me déposer vers la pédiatrie Charles De Gaule ou m’avancer un peu ? ». Vous appellerez cela de l’auto stop ? Sauf que j’étais sur une motocyclette. Moi, je crois que c’est tout simplement de la « moto stop ». A Ouagadougou, où la place des engins à deux roues n’est plus à démontrée, c’est une pratique très répandue. Ils sont étudiants, élèves ou même travailleurs. Ils ont raté le bus ou sont en cours de sous pour prendre un taxi. Alors ils font appel à la générosité des autres usagers de la route, surtout ceux qui sont sur les motos (ils font appel rarement aux cyclistes, ce serait un peu compliqué avec les vélos). Ils vous interpellent, vous vous arrêtez et si vous partez dans la même direction, vous les amenez. Si vous n’arrivez à exactement à l’endroit souhaité, vous « l’avancez un peu» quand même. Et quelqu’un d’autre pourra le remorquer encore jusqu’à ce qu’il arrive à sa destination. Dans une capitale où la moto est le moyen de locomotion le plus utilisé, c’est comme cela que se traduit la solidarité entre citoyens.

Moto2
Photo: Yemp Ouoba
C’est dans de telles situations que certains Ouagalais font appel à la générosité des res autusagers de la route pour arriver à leur destination

Il ne faut pas confondre cette pratique avec les taxi-moto qui ont fait aussi leur apparition dans le pays depuis quelques années seulement, surtout dans les provinces où les taxis « auto » se font rares. Ici le propriétaire de la moto fait preuve de générosité pour réduire gratuitement la distance d’un compatriote. Un de mes amis disait que dans cette affaire, les filles sont souvent les plus chanceuses. Autrement dit, il est plus facile pour une fille de se faire déposer qu’un garçon. Mais là n’est pas le problème. Cette pratique à l’avantage d’aider des gens qui sont dans le besoin, mais elle présente aussi de gros risques pour les motocyclistes. En voulant rendre service, des honnêtes citoyens ont vu leurs engins retirés. Certains de ceux qui vous demandent : « pouvez-vous me déposer ? » sont  des « loups déguisés en agneaux ». Lorsque vous les prenez, ils vous conduisent dans un endroit isolé avant de vous dépouiller de votre argent et bien sûr de votre motocyclette. Ces acte de mauvaise foi font que les Ouagalais se méfient maintenant de rendre service aux partisans de la « moto stop ». Pour revenir à celui qui m’interpellait, je n’allais pas vers la pédiatrie Charles De Gaule, mais j’ai réduit un peu sa distance en le déposant à l’Université de Ouagadougou. Une autre personne a dû le déposer à l’endroit souhaité.

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