Médiation au Burkina: le miracle n’a pas eu lieu

Article : Médiation au Burkina:  le miracle n’a pas eu lieu
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11 mars 2014

Médiation au Burkina: le miracle n’a pas eu lieu

Le groupe de médiation autosaisi jette l’éponge. N’ayant pas réussi à convaincre opposition et majorité à poursuivre le dialogue pour une sortie de crise politique au Burkina Faso, les médiateurs se sont contentés de proposer des plans de sorties de crises.

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photo lefaso.net
Les médiateurs n’ont pas atteint leur objectif

Le groupe de médiation composé de l’ancien président, Jean-Baptiste, de Mgr Paul Ouédraogo et d’El adj Mama Sanou, a échoué comme il fallait s’y attendre. Les deux camps, opposition et majorité, avaient des positions tellement distantes que nul ne s’étonne de l’échec de cette médiation. Alors que l’opposition exigeait un mandat du président du Faso avant toute poursuite des négociations, la majorité affirmait que cela n’était pas envisageable puisque le président est au « dessus des partis politiques ». Une réussite de JBO et compagnie, relèverait d’un miracle. Malheureusement, le miracle n’a pas encore eu lieu. En l’absence de ce fameux mandat autorisant la majorité a parlé au nom du président du Faso et le contraindre à accepter les conclusions de cette médiation, les deux parties se sont quittées et la médiation s’est résolu à présenter seulement des plans de sorties ci-dessus:

. LE SCENARIO D’HONNEUR.

Le Président du Faso prend sur lui la responsabilité de son départ en 2015, à la fin constitutionnelle de son mandat. • Il respecte la constitution en son article 37.
• Il fait économie du Referendum.
• Il sort par la grande porte et suscite l’admiration de tous au plan national et international. Il peut faire exemple en la matière.
• Il se fait un capital de respect, de considération et de confiance qui lui ouvre les portes pour un service plus large (Union Africaine, Francophonie ou ONU) surtout en matière de médiation.
• La tension sociale baisse énormément au Burkina. Chaque camp se prépare pour les échéances électorales de 2015.
• La Majorité joue la carte de la responsabilité et positionne son candidat le plus à même de lui assurer la victoire.
• Cette décision magnanime facilite le travail de l’Assemblée Nationale qui devra finaliser la question de l’immunité à accorder au Président.

2. LES SCENARII DE DEFAITE.

a) Défaite au Référendum

En cas d’échec de la modification de l’Article 37 de la Constitution :
• Le Président sort en 2015 par la petite porte, humilié ; il perd plus que des élections (crédit et considération tant à l’interne qu’au niveau international)
• L’agitation sociale autour de la victoire de l’Opposition peut connaître des dérapages aux conséquences incalculables.
• Cette défaite est nécessairement un gros plomb dans l’aile de la Majorité qui s’expose à des humiliations difficiles.

• Cette victoire au compte de l’Opposition peut être source de troubles graves avec des allusions du genre « puisque vous avez perdu, dégagez tout de suite » ; revendication inconstitutionnelle, mais légitime qui peut causer des dommages graves aux personnes et au pays.

b) Défaite aux élections Présidentielles de 2015.

• Victime d’une coalition, le Président sort par la petite porte comme le Président WADE.
• La liesse de la victoire peut conduire à des débordements.
• Là également, le Président perd plus que des élections.

3. LES SCENARII A RISQUES

a) Victoire de la Majorité au Référendum et aux élections Présidentielles.

• Le Président doit gouverner en faisant face à une fronde sociale importante car la victoire ne sera pas un raz de marée.
• Le pays peut devenir « ingouvernable », exposant l’Exécutif à des répressions plus ou moins disproportionnées, dans un pays où toute mort d’homme va devenir la goutte d’eau qui fait déborder le vase.

b) Transition apaisée négociée.

• Le Président renonce à être candidat aux prochaines élections présidentielles et l’annonce officiellement.
• Le Code Electoral est modifié et repousse les élections en 2017, les faisant coïncider avec les législatives.
• L’Assemblée Nationale prépare la mise en œuvre de cette solution pour légitimer la transition en dehors des délais constitutionnels actuels.
• Il est souhaitable de mieux rédiger la close limitant les mandats en précisant que « nul ne peut exercer plus de deux (02) mandats consécutifs » et sans doute, faire passer cette close au titre des articles non modifiables (Art 165).

• La négociation de cette transition peut être difficile et provoquer une fronde sociale à cause de son caractère de « bonus » après deux septennats et deux quinquennats. Seul un renoncement formel et officiel du Président à être candidat peut ouvrir quelque chance à cette solution.

• La solution a l’avantage de donner un peu plus de temps à tout le monde :

- Le Président pour se retirer

- La Majorité pour se préparer

- L’Opposition pour s’organiser.

• L’exécutif dans ce cas de figure, est nécessairement un Gouvernement d’Union Nationale dont la mission majeure est de préparer les élections.

• Ce Gouvernement d’Union Nationale sera présidé par un Premier Ministre neutre (Société Civile )

• Un consensus au niveau des Partis politiques pour cette solution peut faciliter la gestion de la fronde sociale qui sera quand-même là.

• L’immunité reste toujours acquise, alors que les scenarii de défaites peuvent la remettre en cause.

• C’est une porte de sortie honorable, mais moins grande que dans le scénario d’honneur.

• Ce retard dans la disponibilité peut handicaper le Président pour les postes internationaux. De plus, ce scénario le rend moins attrayant pour tous ceux qui l’attendaient du côté de la grande porte.

4. LE SCENARIO CATASTROPHIQUE : L’ARBITRAGE DE L’ARMEE

En cas de grave désordre un coup d’Etat et l’avènement d’un régime d’exception peut toujours se présenter

-  Soit avant 2015

-  Soit après 2015 (sortie à la TANDJA).

Dans cette remise en cause du Régime Constitutionnel, il n’y a aucune garantie et pour personne :

- Le Président

- La Majorité

- L’Opposition

- Le Pays.

- La sous Région

Le peuple burkinabè, en tous cas, croit que ses dirigeants politiques sauront faire preuve d’un sursaut de patriotisme au détriment des intérêts égoïstes et partisans au profit de la nation.

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