Gilbert Diendéré : la mémoire du régime de Blaise Compaoré
L’arrestation du général Gilbert Diendéré suscite de l’espoir chez beaucoup de Burkinabè. Au-delà de l’affaire du récent coup d’Etat manqué, les Burkinabè espèrent aussi voir la lumière sur d’autres dossiers pendants comme ceux de Thomas Sankara et de Norbert Zongo.
Le général Gibert Diendéré ! Même aux arrêts, l’homme suscite de la crainte pour les uns et des interrogations pour les autres. A lui seul, il détient un pan important de l’histoire récente du Burkina Faso.
Il détiendrait des informations sur plusieurs évènements que le pays a connus. Mais l’homme s’est toujours caché derrière son silence légendaire. Ce qui est évident, pour avoir été le « bras droit » de Blaise Compaoré depuis longtemps, cet homme est une mine d’informations. Si l’on exploitait cette mine, on mettrait certainement la lumière sur beaucoup de dossiers pendants au Pays des hommes intègres. C’est un témoin clé des périodes révolutionnaires et post-révolutionnaires au Burkina Faso. « En août 1983, quand Thomas Sankara a proclamé la révolution, ils étaient trois officiers à ses côtés : Blaise Compaoré, Jean-Baptiste Lingani et Henri Zongo. Diendéré était le cinquième homme. En retrait certes, mais déjà au cœur du système », écrit Jeuneafrique.
Il est suspecté d’avoir des informations qui peuvent clarifier l’assassinat du chef de la révolution burkinabè. Le général Gilbert Diendéré, lui-même, a donné « sa version des faits » dans un livre de Ludo Martens (Sankara, Compaoré et la révolution burkinabè, EPO, 1989). « [Nous avons été prévenus] que Compaoré, Lingani et Zongo seraient arrêtés ce soir. […] Notre réaction a été qu’il fallait arrêter Sankara avant que l’irréparable ne se produise. […] Sankara tenait comme toujours son arme, un pistolet automatique, à la main. Il a immédiatement tiré et tué un des nôtres. À ce moment, tous les hommes se sont déchaînés ». Ce n’est que sa version. Deux ans après, le capitaine Henri Zongo et le commandant Jean Baptiste Boukary Lingani sont accusés, à leur tour, d’avoir ourdi un complot pour éliminer le président Blaise Compaoré. Ils ont été passés par les armes le 19 septembre 1989.
D’ailleurs les avocats des parties civiles du dossier Thomas Sankara étaient convoqués le 17 septembre 2015 pour « prendre connaissance des conclusions des rapports de l’expertise balistique et de l’autopsie après exhumation des restes présumés » de l’ancien président. C’est la date du coup de force. Mais la mise aux arrêts du général peut faciliter l’avancée des enquêtes et lever le voile sur l’assassinat du président Thomas Sankara.
L’autre dossier, c’est celui du journaliste Norbert Zongo et ses trois compagnons. Là le général n’est pas directement impliqué. Mais étant donné que ce sont des éléments de l’ex-régiment de sécurité présidentielle qui ont mené l’opération macabre, il pourrait avoir des informations précises sur ce crime.
Mais ce n’est pas seulement sur ce genre de dossiers qu’on l’attend. Le fidèle parmi les fidèles de Blaise Compaoré peut avoir des informations aussi sur des crimes économiques ou autres malversations. C’est pourquoi certains pensent qu’il pourrait mettre en cause même certains membres du gouvernement de la transition ou des politiciens.
Alors on attend que le général Gilbert Diendéré parle. Mais pour l’instant, l’homme est accusé, entre autres d’ « atteinte à la sûreté de l’Etat», de « collusion avec des forces étrangères pour déstabiliser la sécurité intérieure », de « meurtres, coups et blessures volontaires, complicité de coups et blessures et de destruction volontaire de biens ». En tout, celui qui s’est mis à la disposition de la justice burkinabè doit répondre à onze chefs d’accusation.
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