Burkina : Compaoré a manqué le rendez-vous avec l’histoire

Article : Burkina : Compaoré a manqué le rendez-vous avec l’histoire
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22 octobre 2014

Burkina : Compaoré a manqué le rendez-vous avec l’histoire

Dans un communiqué lapidaire, le gouvernement a annoncé, le 21 octobre, que le projet de loi « portant révision de la Constitution sera soumis à l’Assemblée nationale, en vue de la convocation du référendum ». Une révision qui permettra à Blaise Compaoré de se représenter à l’élection de 2015.
Ainsi le président du Faso, Blaise Compaoré, a fini par afficher clairement ses intentions. On le savait hésitant ou très prudent sur cette question de référendum, mais cette semaine il a été on ne peut plus clair sur le sujet. Il avait longtemps laissé les autres parler à sa place. On nourrissait donc le secret espoir de voir la raison ou l’intérêt général l’emporter. Mais non, cela n’a pas été le cas. Ce mardi 21 octobre le président a convoqué un Conseil des ministres extraordinaire à l’issue duquel il ressort que le projet de convocation d’un référendum en vue modifier l’article 37 de la Constitution sera porté à l’Assemblée. C’est cet article qui porte limitation du mandat présidentiel à 2, soit 10 ans au plus.

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Blaise Compaoré est à la tête du Burkina Faso depuis 1987.

Blaise Compaoré est au pouvoir depuis 27 ans et devrait terminer son mandat en novembre 2015. Il a choisi d’entrer dans l’histoire autrement, alors que le pays allait gravir un autre pan démocratique et stable. Depuis plusieurs mois le parti au pouvoir, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) militait pour sauter le verrou du mandat présidentiel alors que l’opposition et une partie de la population marchaient contre cette initiative qu’ils jugent antidémocratique. Cette annonce pénètre comme un couteau dans le cœur de ceux qui espéraient une alternance en 2015 et voir le pays se renforcer en matière de démocratie. Le Blaiso n’a pas fini ses chantiers, comme le disait l’autre. Comment un président peut-il achever tous les projets pour un pays ? L’administration n’est-elle pas une continuité ? Quelle leçon Blaise Compaoré peut-il encore donner aux autres présidents, lui qui est l’un des doyens des chefs d’Etat africains ?

Un maigre espoir

Tous les yeux se tournent donc vers l’Assemblée nationale. Les députés devraient voter dans les jours ou les semaines à venir « pour » ou « contre » ce projet de modification. Si le « pour » remporte au ¾, les partisans de la modification de l’article 37 n’auront même pas besoin d’aller au référendum. Si c’est seulement la majorité, alors le peuple sera consulté à travers un référendum. Mais dans une Assemblée nationale où le parti présidentiel et ses alliés ont déjà la majorité, il ne serait pas étonnant que le « pour » l’emporte. Le CDP dispose de 70 députés à l’Assemblée sur 127. Si l’Alliance pour la démocratie et la fédération Rassemblement démocratique africain (ADF-RDA), qui a 18 députes, se joint au CDP, ce qui est fort probable, alors le « pour » remportera au ¾. Et l’on n’ira même pas au référendum. Dans cette situation, c’est l’ADF/RDA qui peut encore fait durer le suspense. Ce qui est évident, c’est que Blaise Compaoré ne s’engage pas une dans bataille d’où il sortira perdant.

La suite ?

Le parti au pouvoir et ses partisans se sont réjouis de cette décision : « Que ce soit le conseil national du CDP, que ce soit également au niveau du groupe parlementaire, l’appel des 81 députés, nous sommes satisfaits parce que le gouvernement a répondu à l’ensemble de ces sollicitations en prenant la décision d’introduire au niveau de l’assemblée un projet pour aller au référendum afin de départager les Burkinabè sur des questions politiques d’importance », a déclaré Assimi Kouanda, secrétaire exécutif national du Congrès pour la démocratie et le progrès.

De son côté le chef de file de l’opposition, assure que la lutte va se poursuivre contre la modification de ce fameux article 37 de la Constitution burkinabè. « En tant qu’opposition, nous restons sur la position que nous avons toujours défendue, à savoir que c’est un référendum inutile et inapproprié dans le contexte actuel de la vie de notre pays. Par conséquent, nous allons nous organiser pour le mettre en échec », assure Zéphirin Diabré.

Dans le même temps, une dizaine d’organisations de la société civile appelle, à une « grève de zèle ». Elles invitent les populations à refuser de participer à des célébrations officielles, et appellent au boycott des structures qui soutiennent ce « pouvoir à la légitimité finissante ».

Les jours à venir seront donc décisifs, mais une fois de plus peuple burkinabè doit éviter tout dérapage vers une escalade de violence. Et choisir les moyens légaux de lutte.

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Commentaires

Marek
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Comme un air de déja vuu.. L'histoire se répète

Judicael
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Et dire que d'autres pays africains sont dans la meme situation! A quand l'Afrique? comme se demandait Joseph Ki-Zerbo