Thomas Sankara : les tops et les flops de sa révolution

Article : Thomas Sankara : les tops et les flops de sa révolution
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15 octobre 2014

Thomas Sankara : les tops et les flops de sa révolution

En ce 15 octobre beaucoup de Burkinabè pensent à l’assassinat du leader de la révolution burkinabè, le président Thomas Sankara. Une mort qui marquait également la fin de « sa révolution». Vingt-sept ans après, les Burkinabè reconnaissent que le pays a connu un grand bond en avant durant la période révolutionnaire, 1983-1987, mais ils admettent aussi que cette période a eu ses limites. On ne peut épuiser l’œuvre de l’homme en un billet, mais je propose donc ici les tops et les flops de cette révolution.

1. Assainissement des finances publiques
L’une des premières mesures entreprises par Thomas Sankara, était de réduire le train de vie du gouvernement. Il baisse donc son propre salaire, celui des ministres et réduit leurs avantages. Les ministres sont obligés de prendre la classe affaires lors de leur voyage par avion. Selon Thom Sank, les passagers des deux classes atterrissent en même temps. Donc il n’y a de raisons de dilapider l’argent du contribuable pour avoir seulement des commodités en plus. Les dépenses inutiles dans les différents ministères sont proscrites. Les finances publiques sont assainies et des dispositions sont mises en place pour éviter les malversations. Les fonctionnaires sont tenus d’être à l’heure dans leur lieu de travail sous peine de tomber sous sanction. Les fonctionnaires « pourris » sont punis.

2. Réhabilitation de la fierté nationale
Une année après sa prise de pouvoir, Thomas Sankara change le nom du pays. A la place de l’appellation, « Haute-Volta », plate et insensée et pour beaucoup et léguée par la colonisation, il donne le nom de Burkina Faso qui signifie « Pays des hommes intègres ». Ses habitants s’appellent désormais des Burkinabè (ce mot est invariable, il n’est soumis à aucune règle de la grammaire française). Il redonne au peuple sa dignité, son identité culturelle et enclenche du même coup un regain d’amour des habitants pour leur nation. « La patrie ou la mort, nous vaincrons » devient la devise du pays. Le « consommons burkinabè » prend alors tout son sens. Il valorise la production locale et appelle le peuple à consommer ce qu’il produit, à produire ce qu’il consomme. Cela va des produits alimentaires aux vêtements avec le port obligatoire du Faso Dan Fani. Le peuple est appelé à prendre une part active dans la construction du pays. Ainsi de grands travaux tels que la construction de barrages, des routes, des écoles sont réalisés. La bataille du rail qui a permis la prolongation du chemin de fer en est aussi un exemple.

3. Un dynamisme de développement jamais égalé
En quatre ans de révolution, le Burkina Faso a connu une véritable avancée en matière de développement avec la contribution des populations. « Notre révolution signifie aussi donner à boire aux populations. Pour cela, nous avons réalisé des forages. Nous avons réalisé des barrages avec la contribution des populations », disait le camarade. De grands travaux ont été aussi lancés dans les tous les domaines. Il fallait loger, soigner, nourrir et éduquer le peuple. Dans le secteur de la santé, le gouvernement révolutionnaire a rapproché les centres de santé des populations. A une époque où les maladies tuaient de plus en plus en Afrique, Thomas Sankara met en place une opération dénommée « vaccination commando ». Plus de deux millions de Burkinabè sont vaccinés en une semaine contre la rougeole, la poliomyélite et la méningite.  L’OMS félicite le capitaine pour ce succès. Les réformes agraires entreprises permettent au pays d’atteindre l’autosuffisance alimentaire en quatre ans. Par des actes concrets, Thomas Sankara a montré que la pauvreté n’était pas une fatalité en Afrique. Il a été le premier président à sensibiliser ses concitoyens aux problèmes de la désertification : plusieurs millions d’arbres sont plantés pour stopper le désert.

4. La place de la femme
Thomas Sankara s’est illustré en œuvrant pour l’émancipation de la femme à travers une lutte contre les facteurs socioculturels ((mariage forcé, excision) qui limitaient l’épanouissement et la participation à la marche du pays. Ainsi les femmes accèdent à de véritables postes de responsabilité et mènent des activités qui autrefois étaient réservées aux hommes. On les voit aussi bien dans la formation militaire que dans le gouvernement. Thomas Sank invite même les hommes à faire le marché pour leurs épouses à l’occasion de la célébration de la journée internationale de la femme. Les femmes reprennent alors confiance et apportent leur part dans les grandes réalisations  du gouvernement révolutionnaire.

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Photo www.paixetdeveloppement.net Thomas Sankara, l’homme qui avait une vision meilleure pour le Burkina et l’Afrique.

5. Une force anti-impérialiste
L’une des caractéristiques fortes de la révolution sankariste est bien sa lutte anti-impérialiste. La capitaine n’allait pas avec le dos de la cuillère pour brocarder l’impérialisme. A une époque où les « pères de la nation » cherchaient des relations privilégiées avec l’ex-colonisateur, même au détriment de leurs peuples, Thomas Sankara n’hésitait à critiquer publiquement les stratégies des Occidentaux qui visent à maintenir l’Afrique dans une mendicité perpétuelle. « Nous encourageons l’aide qui nous aide à nous passer de l’aide, mais pas une politique d’assistance », a déclaré le camarade. Il s’insurge contre le gouvernement apartheid d’Afrique du Sud et milite pour que l’Afrique ne paye pas la dette contractée depuis des années. Cette lutte anti-impérialiste a causé son isolement et multiplié les « ennemis ».

6. Les Comités de défense de la révolution (CDR) :
L’instauration des Comités de défense de la révolution avait un objectif noble, ais dans la mise en œuvre les CDR n’ont pas pu jouer leur rôle de défense la révolution. Beaucoup de jeunes étaient attirés par le port de l’arme, mais n’avait pas assimilé l’idéologie révolutionnaire. C’est pourquoi certains se sont livrés à des comportements qui ne répondaient pas à l’idéal sankariste. Armés de Kalachnikov, ils ont abusé de leur pouvoir et se sont fait détester par une partie de la population. Ce sont eux qu’on appelait les CDR « brouettes ». Thomas Sankara a essayé de recadrer les choses en initiant la formation idéologique.

7. Les tribunaux populaires révolutionnaires
Les tribunaux populaires révolutionnaires sont institués dès 1983. Les TPR, comme on les appelait avaient pour objectif de juger les « ennemis de la nation.». C’est le cas des membres des gouvernements précédents accusés de détournement d’argent et de corruption. Les accusés doivent se justifier en public, à la radio et à la télévision. Les peines sont minimes, mais il n’était pas possible de se faire assister par un avocat. La condamnation pour les fonctionnaires allait de la suspension à la radiation. Cette justice permettait de lutter contre la corruption, mais beaucoup d’innocents sont passés par là. Toute personne qui n’était pas pour l’idéologie révolutionnaire pouvait être taxée de réactionnaire ou de contre- révolutionnaire.

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Commentaires

Bouba
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Pour les flops, vous avez oublié de mentionné le licenciement des milliers d'enseignants remplacés par des jeunes qui n'avaient pas de formation. Pendant la révolution certains, considérés comme des réactionnaires, des anti-patriotes, comme Joseph Ki Zerbo ont dû s'exiler. Malgré tout, le bilan en quatre est largement positif.

Judicael LOMPO
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merci pour cette la precision. Je crois que c'est meme l'une des mesures qui ont été les plus difficiles à prendre pour le president lui-même. Sinon le bilan des quatre ans est largement positif

armand kalimbiro
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la révolution a son cours d'histoire.souvent elle finit mal car elle est souvent l'oeuvre d'une aventure non organisée.les amis se sousestiment parcequ'ils se connaissent mieux.le règnant s'imposer pour se faire respecter.voilà le debut de la dictature

zongo
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comne toute oeuvre humaine n'est jamais parfaite,nous devons penser au bilan.un bilan très positif c'est très très satisfaisant.jai la nostalgie de cette révolution!

Judicael
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C'est vrai, Zongo le bilan est vraiment satisfaisant. Même ses détracteurs reconnaissent qu'en quatre ans, le pays avait connu un développement considerable. Aujourd'hui encore beaucoup de jeunes s'identifient à Thomas Sankara ou à son ideal.

georges cyrille ndjeng ze
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L'enfant du pays des hommes integres , l'enfant du continent africain; ton combat etait le notre, tes discours et ta pensee sont encore d'actualite et nous accompagnent dans notre lutte pour la liberte et l'emergence. Nous Peuple africain ne t'oublierons jamais.

Claver Eric SANOU
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Voila un exemple de bilan pour nos dirigeants Africains qui après des mandats de cinq (5) ans renouvéllés une, deux, trois voir quatre ou cinq fois veullent s'éterniser au pouvoir comme quoi ils n'ont pas pus terminer ou mener à bien leur mission. Prénez exemple sur Thomas .

Djonta augustin
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Je trouve que le père de la révolution du bourkina est un homme extraordinaire. c'est un messie pour nous africains