Quand le Blaiso reçoit Zéph

Article : Quand le Blaiso reçoit Zéph
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18 novembre 2013

Quand le Blaiso reçoit Zéph

Le Président du Faso (PF), Blaise Compaoré, a reçu en audience l’opposition politique burkinabè dirigée par son chef de file Zépherin Diabré. Ils étaient tous présents ou presque, Norbert Tiendrébéogo du FFS, Tahirou Barry du PAREN, Ablassé Ouédraogo du Faso autrement. Il manquait quand même Arba Diallo et Bénéwendé Stanislas Sankara, qui d’après Zéph, étaient en déplacement.

Une poignée de main entre le Blaise compaoré et Zéphirin Diabré qui augure un dialogue politique au Burkina Faso
Une poignée de main entre le Blaise compaoré et Zéphirin Diabré qui augure un dialogue politique au Burkina Faso

Quand le pouvoir et l’opposition se rencontre, c’est pour se dire la vérité ! C’est pourquoi, cette rencontre a été une occasion pour les partis politiques d’opposition de réaffirmer leur opposition quant à la mise en place du Sénat et la modification de l’article 37 de la Constitution burkinabè. Cette rencontre peut augurer un dialogue politique entre le gouvernement et l’opposition quant aux problèmes sociopolitiques qui minent le pays des hommes intègres. L’unité d’action qui semble régner au sein de cette opposition oblige aussi le gouvernement à l’écouter. Les partis politiques d’opposition ont également attiré l’attention du chef de l’Etat sur d’autres question importantes notamment l’éducation, la santé, contenu dans le mémorandum ci-dessous.

Ouagadougou, le 14 novembre 2013

MEMORANDUM DE L’OPPOSITION POLITIQUE

ADRESSE AU PRESIDENT DU FASO

 

Monsieur le Président du Faso,

L’Opposition politique a inscrit résolument son action dans une démarche républicaine basée sur le respect des lois et règlements en vigueur dans notre pays. Elle est fortement attachée à la cohésion nationale et à la paix sociale, dont elle mesure l’importance pour le  progrès de notre pays.

L’’Opposition politique est  d’avis  que, pour que cette paix et cette cohésion se renforcent  au bénéfice de tous, il est important que  les préoccupations légitimes des burkinabè   reçoivent,  de la part du Gouvernement,   une  meilleure  considération.

C’est pour cela qu’elle saisit l’occasion de l’audience que vous  lui accordez ce jour 14 Novembre 2013, pour attirer à nouveau votre très haute attention, sur un certain nombre de questions d’intérêt national, dont l’Opposition politique ne cesse de dire l’urgence, et  au sujet desquelles elle a déjà donné son sentiment,  notamment à travers la lettre ouverte qu’elle vous a adressée le 29 Juin 2013, restée sans suite.

Malgré certains progrès enregistrés par notre pays, de nombreux problèmes continuent d’assaillir les burkinabè, parmi lesquels on  peut citer :

1)      La Pauvreté des ménages

 

La pauvreté s’aggrave pour la majorité des burkinabè. Elle se traduit au quotidien  par l’incapacité des ménages à faire face à l’augmentation constante des prix des produits de première nécessité, aux charges incompressibles de logement, de transport, d’éducation, de santé, etc… Cette pauvreté s’illustre par l’aggravation de l’insécurité alimentaire dans notre pays. Les mesures sociales prises récemment par votre Gouvernement ne suffisent pas à juguler le phénomène.

 

 

 

 

 

2)      L’avenir de notre jeunesse

 

La détérioration du système éducatif compromet gravement l’avenir de la jeunesse burkinabè. Cette détérioration  se traduit par l’inadéquation entre les enseignements, la formation et l’emploi, l’insuffisance des infrastructures, le manque d’enseignants, des crises récurrentes dans nos écoles et universités…

Le chômage de très longue durée est devenu le  premier emploi des jeunes, du fait du manque d’opportunités d’emplois  dans les secteurs publics et privés, de l’inorganisation et de l’absence d’accompagnement du secteur informel et du monde rural.

La  jeunesse burkinabè manque cruellement de repères à tous les niveaux et bien que  constituant la majorité de la population, elle est exclue du processus de développement économique et social du pays.

 

3)      La situation des femmes

 

La participation des femmes aux processus de développement et de prise de décision dans notre pays est marginale. L’absence structurelle de cadres appropriés et de mesures d’accompagnement en termes d’accès aux crédits, au droit à la terre, et à la formation entraîne  un manque à gagner pour l’économie nationale et constitue une entrave à l’épanouissement de l’autre moitié du Burkina.

 

4)      La Santé des populations

 

L’Opposition politique est largement préoccupée par la détérioration continue du système de santé dans notre pays. Cette situation se caractérise, entre autres, par des équipements obsolètes  et insuffisants, des infrastructures également insuffisantes, le coût très élevé des médicaments entraînant des soins de santé de moindre qualité.

 

5)      La gouvernance nationale

 

L’Opposition politique relève la persistance de la mauvaise gouvernance prédominée par la corruption qui se généralise, encouragée par une inertie du Gouvernement. Cette situation est source d’impunité, de révoltes et d’incivisme avec une tendance de plus en plus marquée des populations à se rendre justice elles mêmes. L’absence de l’Etat dans ce domaine constitue un risque majeur de remise en cause de son autorité et une menace inacceptable pour le citoyen.

 

Les défaillances de cette gouvernance se font sentir cruellement dans la gestion de notre économie, qui est devenue la propriété d’un clan organisé, et qui est gérée sans transparence comme on le voit avec les marchés publics et les mines, au profit des puissants opérateurs économiques et au détriment des plus faibles notamment les petits commerçants.

 

 

 

6)      L’insécurité

 

L’insécurité en ville et dans les campagnes demeure une préoccupation majeure des populations. Cette insécurité est aggravée par la  situation sous régionale caractérisée par une montée de l’extrémisme, toute chose qui,  compte tenu de la position du Burkina, met notre pays en situation de vulnérabilité.

 

7)      Le projet de mise en place du Sénat

 

L’Opposition politique juge que dans le contexte actuel de notre pays, un Sénat est inopportun, en plus d’être inutilement budgétivore. C’est aussi un puissant facteur de division de la nation comme l’attestent les mécontentements et les frustrations qui se sont exprimés récemment. Les modifications qui viennent d’être introduites dans la Constitution ne répondent pas à la demande de l’Opposition et des burkinabè, qui attendent une suppression pure et simple de toute référence au Sénat dans notre Constitution.

 

8)      La question du respect de la limitation du mandat présidentiel

 

L’Opposition politique a toujours affirmé son attachement au principe républicain de la limitation du nombre de mandats présidentiels telle qu’inscrite dans notre Constitution. Comme elle, les burkinabè sont inquiets d’entendre des responsables éminents de votre parti appeler à une modification de l’article 37 de notre Constitution consacrant cette limitation.

 

9)      Le Vote des burkinabè de l’étranger

 

La loi a consacré le droit des burkinabè de l’étranger à prendre part à certaines consultations électorales se déroulant sur le territoire national. Après s’être  longtemps abstenu de rendre ce droit effectif, le Gouvernement, depuis quelques temps, développe des initiatives qui, en plus d’être  unilatérales, n’augurent  rien de bon pour ce qui est de la tenue d’un scrutin transparent et crédible.

 

La délivrance des  cartes consulaires dans des pays comme la Côte d’Ivoire pose de sérieux problèmes dont deux nous paraissent devoir être évoqués :

–          Le prix de la carte consulaire, fixé à 7000 Francs, est de notre avis, trop élevé. Rien ne peut expliquer un tel niveau de prix lorsqu’on connait les coûts de fabrication de ce genre de documents à travers le monde ;

–          L’opérateur retenu, ne parait pas offrir toutes les garanties de compétence, de neutralité  et de probité pour qu’on mette ainsi à sa disposition l’important fichier des burkinabè de Côte d’Ivoire. Le Gouvernement doit fournir des explications sur le processus ayant abouti à ce choix.

 

 

 

 

10)   Le dialogue républicain entre le pouvoir et l’Opposition

 

Les dispositions légales notamment l’article 10 de la Loi 009-2009/AN/B/PRES portant statut de l’Opposition dispose : « le Président du Faso et le Chef du Gouvernement peuvent consulter l’Opposition sur des questions d’intérêt national ou de politique étrangère ».  En dépit de ces dispositions, l’Opposition observe que ces concertations n’ont jamais eu lieu quand la situation nationale l’exigeait.

Pire, le Gouvernement a décidé de modifier la loi  portant statut de l’Opposition, sans même prendre la peine d’informer celle-ci.

 

Monsieur le Président du Faso,

C’est dans le souci de contribuer  à l’édification paisible de notre pays, que nous avons jugé utile de vous rappeler ces graves préoccupations de nos compatriotes.

L’Opposition politique continuera de jouer le rôle qui est le sien dans l’organisation démocratique de notre pays, et n’hésitera pas à appuyer toute initiative de votre part qui va dans le sens des intérêts de notre peuple.

 

Veuillez recevoir, Excellence Monsieur le Président du Faso, l’expression de notre très haute considération.

Pour l’Opposition politique,

                                                                      le Chef de File de l’Opposition Politique

 

                                                                                                               Zéphirin DIABRE      

                                                                                                               Président de l’UPC                                          

 

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